D'abord, reprenons les principes de la coopération euro-méditerranéenne, tels que prévus en 1995. Il s'agit, en deux mots, de rendre la coopération économique ainsi que l'aide au développement tributaires du respect des droits de l'Homme. Ceci constitue toute l'originalité du partenariat euro-méditerranéen, après une coopération datant du Traité de Rome de 1957 focalisée essentiellement sur des aspects purement commerciaux.
En réalité, c'est cette équation, c'est-à-dire la combinaison entre le volet matériel, moral et éthique (respect des droits de l'Homme et de la démocratie) qui a fait défaut dans le cadre du partenariat. Donc, si on veut que le nouveau processus de l’UPM démarre dans de bonnes conditions, il faut garantir la réussite du registre des libertés et des droits de l'Homme (mais aussi l’aide au développement bi et multilatérale), car la paix et la sécurité régionales dépendent directement de cette dimension (qui constitue également l’un des idéaux de la Charte de l'ONU de 1945).
Ensuite, il va sans dire que les droits de l'Homme et les principes du droit international ont connu une régression dans le contexte international, notamment après le 11 septembre 2001 et la guerre contre le terrorisme. Ceci a influencé non seulement les approches des Etats-Unis d'Amérique centrées sur les méthodes sécuritaires, mais aussi les approches libérales de l'Union européenne qui comprennent le respect des droit de l’Homme, la démocratie et l’Etat de droit.
Je crois, par conséquent, que le contexte actuel n'est pas favorable aux idées qui animent les précurseurs de l'UPM (paix, sécurité, co-développement et prospérité entre les deux rives de la Méditerranée…). Une démarcation radicale doit être faite par rapport aux approches américaines, où les valeurs humaines sont de plus en plus reléguées au second plan au bénéfice d’un libre échange impitoyable…

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