21 avril 2013

POINT DE VUE : Une guerre nucléaire, pas de guerre nucléaire : Pyongyang nous mène-t-il encore en bateau ? Doit-on vraiment avoir peur de ce si petit pays ?

Marielle BERNARD

Encore une fois, la région de l'Asie-Pacifique se retrouve dans un climat de tension dû à une Corée du Nord récalcitrante à tout dialogue. Les États-Unis n'admettent pas que Pyongyang reprenne à nouveau des essais (troisième essai en février 2013) ou son activité d'enrichissement de l'uranium. Et ils sentent bien que la situation pourrait tourner à leur désavantage si la Chine n'essaie pas d'être plus transparente sur la question nord-coréenne. 

La Chine prône officiellement une dénucléarisation de la région mais, dans les faits, elle ne participe que de très loin aux progrès possibles de réconciliation entre les deux Corée.

Toujours est-il que la Corée du Nord est un petit pays sans ampleur, dont le seul aura international tient à son représentant VRP de nationalité espagnole Alejandro Cao de Benos, un quadragénaire catalan en charge de vendre à l'étranger les bienfaits du modèle nord-noréen.

Mais la Corée du Nord n'a que peu de souci à se faire tant qu'elle sera soutenu aussi fermement par l'un des plus puissants pays du monde qu'est la Chine. Les Américains ne sont que les obligés de Pékin, qui détient une partie de l'immense dette des États-Unis. La Chine ne perd pas de vue le grand intérêt qu'elle a à garder et surtout à supporter à bout de bras la très pauvre Corée du Nord. Un effondrement du régime et la fin de la dynastie des Kim pourraient alors être le signe d'une possible réconciliation, voir même d'une réunification des deux Corée, ce qui serait la théorie du pire pour la Chine.

Même si le jeune Kim Jong-un, successeur de son père Kim Jong-il, peut faire peur par ses excentricités, y compris à Pekin, il vaut mieux un pouvoir bancal et un dirigeant maladroit qu'une vacance de pouvoir ou pas de pouvoir du tout. Il faut toujours penser la zone Asie-Pacifique comme une base arrière américaine, avec près de 70 000 hommes, dont 28 000 en Corée du Sud, et avec 60 à 70 bateaux et 200 à 300 avions. La domination américaine est donc plus que totale dans la région, bien loin devant la Chine.

La Chine doit donc ronger son frein, et supporter un pays économiquement en ruine. Elle a déjà versé 300 millions de dollars d’investissements directs à la Corée du Nord dans l’agroalimentaire, la médecine, les exploitations minières, l’industrie légère, la chimie et le textile. Cet investissement s'est fait sans grande garantie de retour sur investissement, puisque Pyongyang a déjà, par le passé, mis fin unilatéralement à des contrats avec ses partenaires chinois.

Mais le non choix est clair : si la Chine ne veut pas se réveiller un matin avec une Corée réunifiée sous influence américaine, elle doit maintenir coûte que coûte la Corée du Nord, même sous perfusion.

Imaginons un instant une Corée réunifiée, ce qui serait pour le peuple nord-coréen surtout, la meilleure des solutions au vu des  misérables conditions dans lequel il survit. La Chine, immédiatement, monterait dans l'escalade de la militarisation par crainte de voir un voisin américain lointain se rapprocher à sa frontière. On aurait, dès lors, une montée en puissance des arsenaux militaires sino-américains dans la région. Le monde serait-il alors toujours aussi sûr ? Ou risquerions-nous une nouvelle Guerre Froide ?

Finalement, la Corée du Nord ne mène personne en bateau, sa géolocalisation est d'une importance stratégique pour les deux pays les plus puissants du monde, et les dirigeants nord-coréens le savent. Ils jouent, dès lors, sur le tableau du nucléaire et tiennent en respect les États-Unis et la Chine, qui peinent à trouver une solution diplomatique satisfaisante pour tout le monde. Le feuilleton nord-coréen continue !

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