Catherine MAIA
L’Assemblée
générale a adopté le 27 mars, par vote, une Résolution sur « l’intégrité
territoriale de l’Ukraine », dans laquelle elle souligne que le référendum
organisé en République autonome de Crimée et dans la ville de Sébastopol, le 16
mars dernier, n’a aucune validité. La Résolution a été présentée par le ministre
ukrainien des Affaires étrangères devant lequel le représentant de la
Fédération de Russie a continué de saluer un « événement véritablement
historique, au cours duquel, par une écrasante majorité, la Crimée a été
réunifiée à la Russie ».
M. Deshchytsia a
été entendu : la Résolution A/68/L.39 a été adoptée par 100 voix pour, 11 voix contre* et 58 abstentions. Elle souligne que le référendum organisé
dans la République autonome de Crimée et la ville de Sébastopol le 16 mars
2014 n’a aucune validité et ne saurait donc servir de fondement à une
quelconque modification du statut de ces deux entités. Elle demande à
tous les États de ne reconnaître aucune modification et de s’abstenir de tout
acte ou contact susceptible d’être interprété comme valant reconnaissance de ce
statut modifié.
Dans ce texte,
l’Assemblée générale exhorte toutes les parties à chercher immédiatement à
régler, par des moyens pacifiques, la situation en Ukraine, notamment par un
dialogue politique direct, à faire preuve de retenue, à s’abstenir de tout acte
unilatéral et de tout discours incendiaire susceptibles d’accroître les
tensions et à participer pleinement aux efforts internationaux de médiation.
L’Ukraine a fait
preuve de sagesse en saisissant l’Assemblée générale, a commenté la
représentante des États-Unis. L’Ukraine, a-t-elle insisté, mérite tout
notre appui alors qu’elle essaye de convaincre la Russie de passer d’une
politique unilatérale de confrontation et d’agression à un effort diplomatique
de bonne foi. Les États-Unis, a-t-elle affirmé aujourd’hui, ont toujours
dit que la Russie a des intérêts légitimes en Ukraine, mais ils ont trouvé
« démoralisant » que cette dernière avance comme si l’Ukraine n’avait
pas d’intérêt légitime en Crimée.
L’Assemblée
générale a adopté cette Résolution après l’échec du Conseil de sécurité
d’adopter la sienne, le 15 mars dernier, en raison de l’opposition de la
Fédération de Russie. Le représentant du Liechtenstein s’est d’ailleurs
dit surpris que cette dernière ait pu exercer son droit de veto, arguant de
l’article 27 §3 de la Charte des Nations Unies qui stipule que les membres du
Conseil, parties à un différend, devraient s’abstenir de voter sur des
décisions prises en vertu du Chapitre VI de la Charte. Il a invité à
une réflexion sur les raisons de cette anomalie.
En attendant, le
représentant russe a vu dans le référendum du 16 mars, une initiative qui a
donné lieu, le 21 mars, à « un événement véritablement historique au
cours duquel, par une écrasante majorité, la Crimée a été réunifiée à la
Russie ». Il a appelé la communauté internationale à respecter le
droit des Criméens à l’autodétermination, car c’est « la justice
historique » qui a prévalu. L’autodétermination est une valeur qu’il
faut honorer certes, mais en reconnaissant l’importance « critique et
fondamentale » du droit national et international, a tranché son homologue
des États-Unis.
Menacés par des
groupes combattants, a poursuivi le représentant russe, les Criméens ont
pris une décision qui les a sauvés. Ce qui importe, a-t-il dit, c’est de
mettre en œuvre l’Accord du 21 février signé entre le Président déchu,
M. ViktoIanoukovith, et des groupes de l’opposition.
Le représentant de
l’Union européenne a plutôt engagé la Fédération de Russie à honorer ses
engagements à respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale de
l’Ukraine. Il s’est félicité de la rencontre des ministres des Affaires
étrangères russe et ukrainien, le 24 mars dernier à La Haye, en marge du Sommet sur
la sécurité nucléaire, mais a déploré que la Russie n’ait toujours pas pris de
mesures pour désamorcer la crise et que les pourparlers directs entre l’Ukraine
et la Russie n’aient toujours pas commencé.
Avec d’autres, il a
encouragé le Gouvernement ukrainien à organiser le 25 mai 2014, une élection
présidentielle libre et transparente. L’Union européenne, a-t-il dit,
s’engage à offrir un appui financier fort à la stabilisation économique et
financière de l’Ukraine. D’emblée, le représentant du Japon a annoncé le
versement d’une somme de 1,5 milliard de dollars pour l’Ukraine et une autre de
100 000 euros pour appuyer les activités de l’Organisation pour la sécurité
et la coopération en Europe (OSCE), qui envoie dans le pays une Mission de
surveillance spéciale, tout comme le Bureau de la Haut-Commissaire de l’ONU aux
droits de l’Homme.
Des 58
abstentionnistes, c’est peut-être Saint-Vincent-et-les Grenadines qui s’est
montré le plus virulent. Il est triste et ironique, a estimé sa
représentante, que ceux qui ont appuyé la Déclaration unilatérale
d’indépendance du Kosovo rejettent aujourd’hui celle de la Crimée et que ceux
qui ont rejeté le plus violemment l’avis de la Cour internationale de Justice
(CIJ) sur la légalité de ladite Déclaration le brandissent aujourd’hui pour
étayer leurs arguments.
Nous notons aussi,
a-t-elle poursuivi, que ceux qui avaient conseillé à l’Argentine « de
prendre note attentivement » du point de vue des 99% résidents des
« Îles Malvinas » jugent aujourd’hui invalide l’opinion des 97%
résidents de la Crimée. Justement, la représentante de l’Argentine qui
avait voté pour la Résolution du Conseil de sécurité, s’est abstenue
aujourd’hui, invoquant « un manque patent de cohérence » chez
certains pays.
*Arménie, Bélarus, Bolivie, Cuba,
Fédération de Russie, Nicaragua, République populaire démocratique de Corée,
Soudan, Syrie, Venezuela et Zimbabwe.
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