27 mars 2014

ACTU : L'Assemblée générale adopte une Résolution dénonçant le rattachement de la Crimée à la Russie

Catherine MAIA

L’Assemblée générale a adopté le 27 mars, par vote, une Résolution sur « l’intégrité territoriale de l’Ukraine », dans laquelle elle souligne que le référendum organisé en République autonome de Crimée et dans la ville de Sébastopol, le 16 mars dernier, n’a aucune validité. La Résolution a été présentée par le ministre ukrainien des Affaires étrangères devant lequel le représentant de la Fédération de Russie a continué de saluer un « événement véritablement historique, au cours duquel, par une écrasante majorité, la Crimée a été réunifiée à la Russie ». 

Ce qui nous réunit est un problème « d’une importance extrême, d’une importance capitale pour l’Ukraine et d’une importance cruciale pour les Nations Unies », a déclaré M. Andrii Deshchytsia, ministre des Affaires étrangères par intérim de l’Ukraine. Le mois qui vient de passer nous a coûté très cher. L’inaction pourrait nous coûter l’Organisation, a prévenu le Ministre. « Voter pour la Résolution, c’est voter pour la Charte des Nations Unies. Voter contre ou s’abstenir, c’est la compromettre ».

M. Deshchytsia a été entendu : la Résolution A/68/L.39 a été adoptée par 100 voix pour, 11 voix contre* et 58 abstentions.  Elle souligne que le référendum organisé dans la République autonome de Crimée et la ville de Sébastopol le 16 mars 2014 n’a aucune validité et ne saurait donc servir de fondement à une quelconque modification du statut de ces deux entités. Elle demande à tous les États de ne reconnaître aucune modification et de s’abstenir de tout acte ou contact susceptible d’être interprété comme valant reconnaissance de ce statut modifié.

Dans ce texte, l’Assemblée générale exhorte toutes les parties à chercher immédiatement à régler, par des moyens pacifiques, la situation en Ukraine, notamment par un dialogue politique direct, à faire preuve de retenue, à s’abstenir de tout acte unilatéral et de tout discours incendiaire susceptibles d’accroître les tensions et à participer pleinement aux efforts internationaux de médiation.

L’Ukraine a fait preuve de sagesse en saisissant l’Assemblée générale, a commenté la représentante des États-Unis. L’Ukraine, a-t-elle insisté, mérite tout notre appui alors qu’elle essaye de convaincre la Russie de passer d’une politique unilatérale de confrontation et d’agression à un effort diplomatique de bonne foi. Les États-Unis, a-t-elle affirmé aujourd’hui, ont toujours dit que la Russie a des intérêts légitimes en Ukraine, mais ils ont trouvé « démoralisant » que cette dernière avance comme si l’Ukraine n’avait pas d’intérêt légitime en Crimée. 

L’Assemblée générale a adopté cette Résolution après l’échec du Conseil de sécurité d’adopter la sienne, le 15 mars dernier, en raison de l’opposition de la Fédération de Russie. Le représentant du Liechtenstein s’est d’ailleurs dit surpris que cette dernière ait pu exercer son droit de veto, arguant de l’article 27 §3 de la Charte des Nations Unies qui stipule que les membres du Conseil, parties à un différend, devraient s’abstenir de voter sur des décisions prises en vertu du Chapitre VI de la Charte. Il a invité à une réflexion sur les raisons de cette anomalie.

En attendant, le représentant russe a vu dans le référendum du 16 mars, une initiative qui a donné lieu, le 21 mars, à « un événement véritablement historique au cours duquel, par une écrasante majorité, la Crimée a été réunifiée à la Russie ». Il a appelé la communauté internationale à respecter le droit des Criméens à l’autodétermination, car c’est « la justice historique » qui a prévalu. L’autodétermination est une valeur qu’il faut honorer certes, mais en reconnaissant l’importance « critique et fondamentale » du droit national et international, a tranché son homologue des États-Unis.

Menacés par des groupes combattants, a poursuivi le représentant russe, les Criméens ont pris une décision qui les a sauvés. Ce qui importe, a-t-il dit, c’est de mettre en œuvre l’Accord du 21 février signé entre le Président déchu, M. ViktoIanoukovith, et des groupes de l’opposition.

Le représentant de l’Union européenne a plutôt engagé la Fédération de Russie à honorer ses engagements à respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Il s’est félicité de la rencontre des ministres des Affaires étrangères russe et ukrainien, le 24 mars dernier à La Haye, en marge du Sommet sur la sécurité nucléaire, mais a déploré que la Russie n’ait toujours pas pris de mesures pour désamorcer la crise et que les pourparlers directs entre l’Ukraine et la Russie n’aient toujours pas commencé.

Avec d’autres, il a encouragé le Gouvernement ukrainien à organiser le 25 mai 2014, une élection présidentielle libre et transparente. L’Union européenne, a-t-il dit, s’engage à offrir un appui financier fort à la stabilisation économique et financière de l’Ukraine. D’emblée, le représentant du Japon a annoncé le versement d’une somme de 1,5 milliard de dollars pour l’Ukraine et une autre de 100 000 euros pour appuyer les activités de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), qui envoie dans le pays une Mission de surveillance spéciale, tout comme le Bureau de la Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme.

Des 58 abstentionnistes, c’est peut-être Saint-Vincent-et-les Grenadines qui s’est montré le plus virulent. Il est triste et ironique, a estimé sa représentante, que ceux qui ont appuyé la Déclaration unilatérale d’indépendance du Kosovo rejettent aujourd’hui celle de la Crimée et que ceux qui ont rejeté le plus violemment l’avis de la Cour internationale de Justice (CIJ) sur la légalité de ladite Déclaration le brandissent aujourd’hui pour étayer leurs arguments. 

Nous notons aussi, a-t-elle poursuivi, que ceux qui avaient conseillé à l’Argentine « de prendre note attentivement » du point de vue des 99% résidents des « Îles Malvinas » jugent aujourd’hui invalide l’opinion des 97% résidents de la Crimée. Justement, la représentante de l’Argentine qui avait voté pour la Résolution du Conseil de sécurité, s’est abstenue aujourd’hui, invoquant « un manque patent de cohérence » chez certains pays.



*Arménie, Bélarus, Bolivie, Cuba, Fédération de Russie, Nicaragua, République populaire démocratique de Corée, Soudan, Syrie, Venezuela et Zimbabwe.



Source : ONU

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