Catherine MAIA
La communauté
internationale a commencé à promettre le 12 octobre, au Caire, des millions de dollars
pour reconstruire Gaza mais, au diapason des États-Unis, elle exige des
Israéliens et des Palestiniens qu'ils reprennent sérieusement les négociations
de paix.
Le secrétaire d'Etat
américain John Kerry s'est montré très ferme lors de cette conférence
internationale des donateurs: la communauté internationale est prête à financer
mais plus question de se contenter de cessez-le-feu. Il faut reprendre les négociations
de paix qu'il avait impulsées en 2013 avant qu'elles n'échouent en avril,
a-t-il insisté.
Le même ton a été adopté
par l'ONU et les pays de l'Union européenne, préoccupées par d'autres guerres
dans la région, notamment contre les jihadistes de l'Etat islamique. Ils sont
aussi lassés comme le reste du monde par près de sept décennies d'un conflit
israélo-palestinien dont le dernier avatar sanglant, en juillet et août 2014, a tué
près de 2.200 personnes dans la bande de Gaza et 73 Israéliens.
L'Autorité palestinienne
réclame 4 milliards de dollars d'aide à la communauté internationale pour
reconstruire l'enclave qui a connu trois guerres en six ans.
"Gaza reste une poudrière"
Tout en promettant une
"aide immédiate" américaine, M. Kerry a tapé le premier du poing sur
la table. "Un cessez-le-feu, ce n'est pas la paix. Nous devons nous
rasseoir à la table (des négociations) et aider les parties à faire des choix
difficiles, de vrais choix", a-t-il lancé fermement.
"Ces choix dépassent
un simple cessez-le-feu parce que même le cessez-le-feu le plus durable ne peut
remplacer la paix, même le cessez-le-feu le plus durable ne peut remplacer la
sécurité pour Israël et un Etat et leur dignité pour les Palestiniens", a
ajouté M. Kerry dans un vibrant appel lancé devant une trentaine d'autres chefs
de la diplomatie et représentants d'une cinquantaine de pays et organisations
internationales.
Le secrétaire général de
l'ONU Ban Ki-moon, lui aussi d'un ton ferme, lui a emboîté le pas. "Gaza
reste une poudrière" et ses habitants "ont désespérément besoin de
voir des résultats dans leur vie quotidienne", a-t-il lancé. "Vous
devez comprendre le niveau de frustration (...) Comme secrétaire général, je
suis très en colère" de la situation, a-t-il ajouté.
Et de rappeler qu'"en
2009, la communauté internationale s'était déjà réunie" en Egypte pour la
reconstruction de Gaza. "Nous sommes à nouveau ici" et "le cycle
construction-destructions se poursuit, il empire", a-t-il regretté. M. Ban
a annoncé qu'il se rendrait le 14 octobre à Gaza pour, a-t-il dit, "écouter
directement" les habitants de l'enclave.
Puis ce fut Catherine
Ashton, la chef de la diplomatie de l'Union européenne, pour qui "cela
doit être la dernière fois que l'on appelle la communauté internationale à
reconstruire Gaza". "On ne peut pas retourner au statu quo ante qui
s'est révélé intenable. (...) Il faut une solution politique pour Gaza dans le
cadre plus large de discussions entre Palestiniens et Israéliens sur la
solution à deux Etats (...), la seule véritable solution à ce conflit".
Israël campe sur ses positions
Mais la perspective d'une
relance des négociations a été fraîchement accueillie par le ministre des
Affaires étrangères d'Israël, qui n'avait pas été invité au Caire.
"Il faut voir dans
quel cadre et sur quels points porteraient ces négociations. Si elles ne
portent que sur les exigences palestiniennes alors c'est peine perdue", a
tranché Avigdor Lieberman, dont le pays maintient toutes ses exigences,
notamment le désarmement des combattants des islamistes du Hamas qui dirigent
de facto Gaza.
La communauté
internationale attend d'Israël un assouplissement du blocus imposé depuis huit
ans sur la bande de Gaza. Elle espère aussi une plus grande stabilité politique
à Gaza avec la réconciliation récente entre l'Autorité palestinienne, dominée
par le parti nationaliste Fatah de Mahmoud Abbas, et le Hamas, considéré comme
un mouvement terroriste par Israël, les Etats-Unis et certains pays européens.
Le Gouvernement d'union
palestinien s'est réuni à Gaza le 9 octobre pour la première fois depuis sa formation
en juin, après des années de déchirements entre Hamas et Fatah.
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