17 juin 2015

ACTU : L’Afrique du Sud refuse d’arrêter le président soudanais, Omar el-Béchir, à l’occasion du 25e sommet de l’UA

Catherine MAIA

Le 25e sommet de l’Union africaine (UA), qui s’est déroulé à Johannesburg (Afrique du Sud) les 14 et 15 juin 2015, ne laissera peut-être pas la trace que le président sud africain, Jacob Zuma, souhaitait. La polémique ne cesse d’enfler après le départ, contre l’avis de la justice sud-africaine, du président soudanais Omar el-Béchir, recherché pour génocide au Darfour par la Cour pénale internationale (CPI) et venu participer au 25e sommet de l’UA à Johannesburg.

Au sujet de ce voyage aux allures de pied de nez à la CPI, un tribunal sud-africain a estimé, le 15 juin, que le Gouvernement sud-africain avait enfreint sa Constitution en n’arrêtant pas Omar el-Béchir. De fait, le président el-Béchir était frappé d’une interdiction de sortie du territoire obtenue la veille par une ONG sud-africaine, le Centre des litiges d’Afrique australe (SALC), qui avait saisi en urgence la justice. Alors que le tribunal n’avait pas encore rendu son jugement définitif, l’avion du président soudanais avait déjà décollé de l’aéroport de Waterkloof.

« L’attitude [des autorités] qui ont échoué à prendre des mesures pour interpeller et arrêter le président du Soudan Omar el-Béchir est en contradiction avec la Constitution de la République sud-africaine », a déclaré le juge Dunstan Mlambo, qui avait interdit la sortie du territoire sud-africain au président soudanais. Le jugement a été rendu alors qu’Omar el-Béchir était déjà dans l’avion pour Khartoum.

Les autorités soudanaises disent avoir reçu des assurances 

L’avocat de l’État n’a fait aucun commentaire, sinon pour annoncer une enquête approfondie sur les circonstances du départ d’Omar el-Béchir. Le tribunal avait été saisi en urgence par une ONG, sans que cela inquiète outre mesure les autorités soudanaises qui avaient indiqué, avant l’issue de l’audience, avoir reçu des assurances sur la liberté de mouvement du président el-Béchir.

« C’est embarrassant pour l’Afrique du Sud qui aurait pu éviter cette situation, tout simplement en ne l’autorisant pas à venir », a commenté Jakkie Cilliers, directeur général de l’Institut des Études de Sécurité. « Mon impression est qu’en le laissant venir, ils [les dirigeants sud-africains] voulaient démontrer au reste du monde qu’ils partagent le point de vue de l’Afrique sur la CPI », a-t-il ajouté.
Tandis qu’une partie de l’opinion publique sud-africaine demande au Gouvernement de justifier pourquoi le dirigeant soudanais a pu quitter sans encombre le pays depuis une base militaire, pour l’heure, toujours muet sur le sujet, le président Jacob Zuma vise sans doute le pourrissement de la situation pour minimiser les dommages politiques que celle-ci pourrait entraîner.

La CPI exprime sa déception 

Dès le 28 mai, la CPI avait notifié à l’Afrique du Sud son obligation statutaire, en tant qu’État membre de la Cour, d’arrêter et de lui remettre le président soudanais si celui-ci se rendait sur son territoire. Le 15 juin, le procureur-adjoint de la CPI, James Stewart, a fait part de sa déception : « Nous sommes déçus qu’il n’ait pas été interpellé ». Il a ajouté que : « Notre position a toujours été que l’obligation incombant à l’Afrique du Sud est claire, elle devait l’arrêter ».
La CPI fait face à une virulente campagne en Afrique. Elle est accusée de racisme – notamment par les dirigeants africains – et de ne pourchasser que des Africains, ce qu’elle dément. Sur huit dossiers en procès, tous concernent des dirigeants ou chefs rebelles africains, mais dans la majorité de ces cas, la CPI a été saisie par les Gouvernements des pays concernés eux-mêmes.


Sources : AFP/Jeune Afrique


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