Catherine MAIA
Le 31 janvier, à l’issue du 26e sommet de l’Union africaine (UA) à Addis-Abeba, l’organisation panafricaine a renoncé à envoyer, du moins dans l’immédiat, une force de maintien de la paix au Burundi, pays actuellement en proie à une crise politique meurtrière. L’opposition frontale de Bujumbura et la réticence de plusieurs chefs d’Etat africains fortement attachés au principe de souveraineté nationale – notamment le Gambien Yahya Jammeh, le Tanzanien John Magufuli, l’Egyptien Abdel Fatah Al-Sissi et l’Equato-Guinéen Teodoro Obiang Nguema – ont contraint à l’immobilisme.
Le 31 janvier, à l’issue du 26e sommet de l’Union africaine (UA) à Addis-Abeba, l’organisation panafricaine a renoncé à envoyer, du moins dans l’immédiat, une force de maintien de la paix au Burundi, pays actuellement en proie à une crise politique meurtrière. L’opposition frontale de Bujumbura et la réticence de plusieurs chefs d’Etat africains fortement attachés au principe de souveraineté nationale – notamment le Gambien Yahya Jammeh, le Tanzanien John Magufuli, l’Egyptien Abdel Fatah Al-Sissi et l’Equato-Guinéen Teodoro Obiang Nguema – ont contraint à l’immobilisme.
« Nous avons donné une chance au Burundi et au président
Pierre Nkurunziza de résoudre cette crise. Nous souhaiterions que cela soit
réglé par un dialogue avec une initiative du président burundais. Mais nous
surveillons de très près. Nous ne pourrons pas accepter que la situation dégénère. Auquel cas, l’Union africaine interviendra militairement », a confié
au magazine Jeune Afrique le
président tchadien, Idriss Déby, qui vient de prendre pour un an la présidence tournante
de l’UA.
Les chefs d’Etat africains, soucieux pour certains de ne
pas créer un précédent en envoyant une force militaire dans un pays sans son
aval, ont convenu de dépêcher une « délégation de très haut niveau » à
Bujumbura pour discuter d’un éventuel déploiement avec le Gouvernement
burundais. « Nous allons dépêcher une
délégation de très haut niveau pour discuter avec le Gouvernement. On ne peut
pas déployer une armée sans le consentement d’un pays, sauf s’il y a une
situation très grave de violation des droits de l’Homme ou de risques de
génocide », a expliqué Smaïl Chergui, commissaire de l'UA à la paix et la sécurité.
« Si le Burundi l’accepte, ce sera une force pour le désarmement des milices,
la protection des civils en coopération avec les forces de police locales, la
facilitation du travail des observateurs des droits de l’Homme », a plaidé le
commissaire de l’UA, avant d’ajouter : « Il n’y a pas de volonté ni
d’occuper ni d’agresser », la mission de l’UA visant avant tout à « donner un
peu de quiétude à tout le monde ».
Le président Nkurunziza, absent au sommet de l’UA, avait promis de « combattre » la mission africaine de maintien de la paix comme « une force d’invasion et d’occupation ». « Je n’ai pas l’impression que les chefs d’Etat et de Gouvernement feront le déplacement jusqu’à Bujumbura juste pour avoir un avis sur une question. Tout le monde est au courant de la position du Burundi », a réagi, le 31 janvier, le ministre des Affaires étrangères du Burundi, Alain Aimé Nyamitwe, se disant satisfait de la décision de l’UA.
Sur place, cependant, la situation demeure très tendue. Plus de
400 personnes ont été tuées depuis le début de la crise au Burundi, qui a
poussé 230 000 personnes à l'exil. La capitale est désormais le théâtre de
nombreuses exécutions extrajudiciaires, d'accrochages nocturnes réguliers, tandis
que les auteurs d'un coup d'État avorté en mai 2015 ont promis de renverser le Gouvernement
par les armes si nécessaire.
La montée en puissance des violences, l’apparition d’embryons de mouvements rebelles et la crainte des répercussions de la crise dans une région déjà très instable avaient conduit l’UA, et notamment la présidente de sa Commission, Nkosazana Dlamini-Zuma, à envisager des mesures plus fermes. En vain pour le moment, en dépit du soutien du secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, également présent lors du sommet de l’UA, qui a salué la proposition de l’organisation panafricaine de déployer des observateurs des droits de l’Homme et d’établir une mission de protection et de prévention.
A cette occasion, Ban Ki-moon
a rappelé que 17 pays africains allaient organiser des élections en 2016 :
« Les dirigeants ne devraient jamais utiliser des changements
constitutionnels non démocratiques et des vides juridiques pour s’accrocher au
pouvoir. Nous avons tous vu les conséquences tragiques quand ils le font »,
a-t-il affirmé, saluant les dirigeants qui se sont engagés à quitter le pouvoir
et à respecter les limites constitutionnelles de leur mandat. « J’appelle
tout le monde à suivre leur exemple », a-t-il ajouté.
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