21 novembre 2016

ACTU : Un groupe de pays africains échoue à bloquer la nomination d'un expert LGBT au Conseil des droits de l’Homme de l'ONU

Catherine MAIA

Un groupe de pays africains mené par le Botswana a échoué dans sa tentative de remettre en cause la récente nomination par le Conseil des droits de l’Homme d'un expert de l'ONU sur les droits des personnes LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres), Vitit Muntarbhorn.

Dans un projet de résolution soumis à l'Assemblée générale de l'ONU, ce groupe de pays contestait la légalité de la nomination de ce professeur de droit international thaïlandais, proclamant que le mandat de l'expert n'avait rien à voir avec les droits humains. En conséquence, il réclamait des consultations et, en attendant, demandait que cette nomination soit suspendue.

En ce sens, s’exprimant devant la l’Assemblée générale au nom des pays africains membres des Nations Unies, l’ambassadeur du Botswana, Charles Ntwaagae, a affirmé qu’aucun groupe de nations ne devrait pouvoir imposer ses valeurs aux autres. Plus spécifiquement, il a proclamé que le Conseil des droits de l’Homme « ne devait pas se pencher sur les questions d’orientation et d’identité sexuelles » : « Ces deux notions ne sont pas et ne devraient pas être liées aux instruments internationaux existants sur la protection des droits de l’Homme ».

Nommé par le Conseil des droits de l’Homme fin septembre pour 3 ans, le mandat de Vitit Muntarbhorn est entré en vigueur le 1er novembre en tant que tout premier expert indépendant sur la protection contre la violence et la discrimination fondée sur l'orientation sexuelle et l'identité de genre. Cet expert indépendant aura pour mission de sensibiliser le public à la violence et à la discrimination visant les personnes en raison de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre, mais aussi de recenser et de lutter contre les causes profondes de la violence et de la discrimination.

Afin de contrer cette initiative, un groupe de pays d'Amérique latine a déposé un amendement visant à annuler la proposition de suspension. Le 21 novembre, cet amendement a été adopté par 84 voix pour, 77 contre et 17 abstentions sur les 193 membres de l'Assemblée générale, un résultat qui démontre le clivage des États concernant les questions d'orientation sexuelle.

L'Afrique du Sud, qui souffre encore des effets de la discrimination raciale, a choisi de voter en faveur de l’amendement maintenant en place l'expert LGBT, de même que les pays européens, les États-Unis, le Canada et les pays latino-américains. La Somalie et le Rwanda se sont abstenus. La Chine, la Russie, l'Iran et l'Arabie saoudite ont, en sens contraire, soutenu l'initiative africaine.

Après l'adoption de la résolution amendée par 94 voix pour, 80 absentions et 3 contre, la Russie et l’Égypte ont aussitôt annoncé qu’ils ne coopéreront pas avec Vitit Muntarbhorn.

Tandis que le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a fait de la promotion des droits des personnes LGBT l’une de ses priorités, le chemin à parcourir demeure immense. Sur les 193 États membres de l'ONU, 73 pays dont 33 africains ont des législations faisant de l'homosexualité un crime, dont l'Ouganda, le Nigeria, le Soudan, la Mauritanie, la Tanzanie et le Sénégal.




Independent Expert on the protection against violence and discrimination based on sexual orientation and gender identity Vitit Muntarbhorn. UN Photo/Rick Bajornas


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